Sur le banc d'essai : applications de contrôle parental pour Google Android, Apple iOS & Amazon Fire OS
Aujourd’hui, on voit partout des enfants de tout âge avec un smartphone dans la main. Même les plus petits à partir de 5 ou 6 ans ont accès à Internet tout naturellement. AV-TEST a vérifié si les applications de contrôle parental pour les systèmes mobiles permettent aux parents d’avoir l'esprit tranquille ou s’ils doivent continuer de surveiller strictement l’utilisation de l’appareil.
Il est aujourd’hui relativement normal que les enfants aient accès à un smartphone. Soit il s’agit de l’appareil des parents, soit il s’agit du leur. Si l’on en croit des études internationales, dans les pays industrialisés, env. 25 % des enfants ont leur propre smartphone à 6 ans. Jusqu’à l’âge de 12 ans, ce taux augmente jusqu’à plus de 90 %. Beaucoup de parents souhaitent une application adaptée pour protéger les enfants. Les fabricants Google, Apple et Amazon offrent dans leurs systèmes Android, iOS et Fire OS quelques fonctions de contrôle parental sous forme de réglages ou d’applications supplémentaires. Mais celles-ci sont-elles suffisantes ? Ou les applications spéciales de contrôle parental sont-elles plus efficaces ? C’est à cette question que répond le laboratoire d’AV-TEST dans le test actuel.
11 applications de contrôle parental face aux fonctions de contrôle parental des systèmes Android, iOS et Fire OS
Le laboratoire a tout d’abord examiné les solutions des systèmes. Dans le système Android de Google, on peut utiliser l’application Family Link, chez Apple, on peut activer l’iOS Parental Control et chez Amazon les fonctions de protection de Kindle Fire OS. Les applications Safe Kids de Kaspersky Lab et Norton Family de Symantec ont été mises au banc d’essai pour un test de certification plus approfondi. Les deux sont disponibles en version iOS et Android. Elles ont obtenu respectivement le certificat « APPROVED Parental Control Android 11/2018 » et « APPROVED Parental Control Apple iOS 11/2018 ».
Pour faciliter la comparaison, certaines fonctions principales des applications de contrôle parental des fabricants suivants ont également été testées : F-Secure, Kiddoware, McAfee, MMGuardian, Mobicip, Qustodio et Wantagetech Solutions.
Pour information : AV-TEST a également publié récemment une comparaison des fonctions de contrôle parental de systèmes d’exploitation desktop et portable.
Le présent test n’est pas une simple comparaison de certaines fonctions. Le laboratoire a donc défini 7 menaces auxquelles les applications de contrôle parental doivent faire face.
Les réponses des applications aux 7 menaces pour les enfants
En règle générale, il n'existe pas de fonction particulière pour une menace particulière. Les fonctions de contrôle parental d’une application doivent plutôt interagir pour éliminer le danger.
- Protection contre le cyberharcèlement
- Contrôle de l’accès aux contenus pour adultes
- Contrôle du transfert de données privées
- Contrôle du temps d’utilisation des appareils
- Protection contre les pièges à argent en ligne
- Protection contre le pédopiégeage (grooming)
- Sécurisation de la sphère privée
AV-TEST explique la méthodologie du test et sa réalisation au sein des systèmes desktop et portable dans le premier article paru sur le thème des logiciels de contrôle parental. C’est pourquoi le présent article se concentre sur le résumé des résultats du test.
La personnalité numérique – protection contre le cyberharcèlement
Concernant le cyberharcèlement, le laboratoire espère trouver une combinaison des fonctions suivantes : un contrôle du temps d’utilisation ainsi que la localisation d’un appareil, la protection des profils et des activités au moyen d’un contrôle des réseaux sociaux et des fonctions de rapport efficaces.
En matière de contrôle du temps d’utilisation, on trouve une fonction adaptée dans toutes les applications. La plupart du temps, un profil adapté est proposé pour les différents âges. On y trouve des temps de blocage préconfigurés qui peuvent toutefois être ajustés. Si les parents souhaitent localiser un appareil, cela s’effectue directement dans Android de Google, ainsi que dans iOS d’Apple et les deux applications correspondantes de Kaspersky Lab. Le produit Norton Family de Symantec semble sur ce point se fier aux systèmes d'exploitation, car ils sont capables de localiser un appareil.
En matière de contrôle des réseaux sociaux, seules les applications pour iOS et Android de Kaspersky Lab et de Symantec offrent une protection pour Facebook. Sur ce point, les systèmes de Google, Apple et Amazon ne proposent rien. Sur le thème du cyberharcèlement précisément, les fonctions de rapport constituent un moyen efficace pour les parents d’avoir un aperçu des activités de leurs enfants. Les systèmes de Google, Apple et Amazon ne donnent pratiquement aucun compte-rendu. Les applications de Kaspersky Lab et de Symantec fonctionnent de manière totalement différente : elles notent une multitude d’informations telles que les sites recherchés et visités, les sites bloqués et même le temps d’utilisation d’applications sur des systèmes Android. Pour avoir un meilleur aperçu, il existe également une liste des toutes les transgressions. Seuls les programmes de McAfee, MMGuardian, Mobicip et Wantagetech Solutions qui ont également été testés en sont capables.
Internet = Porno ? L’accès aux contenus pour adultes
C’est certain, Internet propose de nombreux contenus à caractère pornographique et l’accès à ces sites n’est généralement pas sécurisé. Bien entendu, les applications de contrôle parental doivent offrir une protection. Mais les contenus pour adultes ne s’arrêtent pas à la pornographie : jeux d’argent, violence, armes ou forums traitant de ces thèmes en font également partie. Le laboratoire contrôle donc les applications avec des milliers de sites adaptés aux enfants et de sites non adaptés. Certaines applications ont en plus diverses catégories selon lesquelles elles identifient des sites et les filtrent si la catégorie est bloquée. Le laboratoire détermine donc 10 catégories et teste comment elles filtrent plus de 6 300 sites non adaptés aux enfants. Dans le contre-essai, il s’agit de laisser l’accès à près de 2 700 sites adaptés.
Le tableau du test montre que beaucoup d’applications ont certes un grand choix de catégories, mais qu’elles ont du mal à faire le tri. Disons-le tout de suite : les Kindle Fire Parental Controls actifs d’Amazon filtrent à 100 pour cent, puisqu’ils filtrent tout simplement tous les sites – même les bons. Si le contrôle parental est activé, il n’est alors pratiquement pas possible de surfer. Chez Google, Family Link identifie bien les contenus pornographiques, mais ignore toutes les autres catégories. Les applications également testées en comparaison montrent en partie de bonnes capacités de filtrage dans les catégories présentes, à quelques exceptions près. Les applications Android de Kaspersky Lab et Symantec couvrent bien toutes les catégories testées et font une sélection relativement bonne. Malheureusement, le test des variantes iOS n’a pas été réalisable techniquement. Presque toutes les applications ont réussi le contre-essai avec des sites adaptés, atteignant un taux satisfaisant de 90 à 99 pour cent, excepté le contrôle parental Kindle chez Amazon.
Lorsque les enfants cherchent quelque chose à l’aide de moteurs de recherche, les fournisseurs tels que Google, Yahoo ou Bing proposent la fonction « recherche sécurisée ». Certaines applications activent automatiquement cette fonction – mais seulement pour certains moteurs de recherche sélectionnés. Il n’en est pas de même pour les outils des systèmes d’exploitation : Family Link de Google ne connaît que Google tandis qu’iOS active la recherche sécurisée dans presque tous les moteurs de recherche. Les applications de Kaspersky Lab et Symantec se comportent de la même façon. Amazon ne connaît pas cette fonction.
Pour ce qui est des fonctions de rapport, les outils des systèmes d’exploitation ne proposent pratiquement rien. iOS enregistre seulement les sites Internet visités. Les applications de Kaspersky Lab et Symantec enregistrent pratiquement tout : les sites visités et bloqués et proposent un historique de recherche. On trouve également un aperçu de toutes les transgressions.
Protection des données privées – contrôle de la saisie
Les enfants ont vite fait de révéler des informations personnelles telles que leur adresse, leur numéro de téléphone ou le nom de leur école. Les systèmes d’exploitation mobiles ne proposent aucun contrôle sur ce point. Le contrôle des réseaux sociaux de Kaspersky Lab et Symantec a au moins une fonction efficace pour Facebook. Seul Symantec offre un contrôle de la saisie de données privées prédéfinies dans ses applications pour iOS et Android. De nombreux sites non adaptés aux enfants tels que des forums demandent la saisie de ces données personnelles. Un bon filtrage des sites est donc également très utile. Comme nous l’avons déjà évoqué, les outils des systèmes d’exploitation ne constituent pas une aide efficace, en dehors du thème de la pornographie. Les applications Android et iOS de Kaspersky Lab et Symantec effectuent un bon préfiltrage. Les applications également testées en comparaison aident également à préfiltrer.
S’il arrive que des données personnelles soient saisies, ceci devrait au moins être documenté dans un rapport. Mais là encore, seules les applications de Kaspersky Lab et Symantec le font de manière satisfaisante.
Contre un usage prolongé : le contrôle du temps d’utilisation
Les appareils portables sont généralement en ligne 24/24 h et toujours prêts à fonctionner immédiatement. La tentation est donc grande de prendre le portable pour jeter rapidement un coup d’œil à quelque chose ou pour faire une partie de jeu. Si le portable se trouve le soir dans la chambre des enfants, il échappe totalement au contrôle des parents la plupart du temps. Les testeurs attendent donc d’un système de contrôle qu’il fournisse les fonctions suivantes : un contrôle du temps d’utilisation de l’appareil ou de l’utilisation en ligne, un contrôle des applications, le blocage automatique de divers sites Internet et une fonction de rapport.
Tous les systèmes de contrôle parental travaillent avec un profil dans lequel les temps de blocage sont déjà définis en fonction de la tranche d’âge et peuvent également être ajustés. Ceci fonctionne assez bien. Les choses sont un peu différentes en ce qui concerne le contrôle des applications. Android de Google autorise ce contrôle. iOS en revanche empêche seulement l’installation ou la désinstallation d’une application, mais ne l’empêche pas de démarrer. Chez Amazon, l’utilisateur principal partage une application avec un enfant ou non. Il n’est pas possible de définir un autre réglage. Les applications certifiées de Kaspersky Lab et Symantec contrôlent les applications pour Android. Pour iOS, seul Kaspersky Lab en est capable.
Si, malgré une interdiction, les enfants surfent ou jouent avec l’appareil, l’accès à des sites interdits devrait au moins être bloqué. Comme nous l’avons déjà évoqué, seules les applications de Kaspersky Lab et Symantec le font vraiment bien, comparé aux outils des systèmes. Ceci est encore plus clair avec les fonctions de rapport : les applications payantes de Kaspersky Lab et Symantec enregistrent tout tandis que les outils des systèmes n’enregistrent pratiquement rien.
« Aujourd’hui seulement : 5 euros » – Pièges à argent sur Internet
Avec les offres d’achat, les vendeurs mettent volontiers la pression sur les acheteurs en ajoutant par exemple la mention « Aujourd’hui seulement ». Beaucoup de parents tombent dans ce piège – chez les enfants, la proportion est encore plus élevée. Les jeux en ligne notamment proposent des extensions qui apportent des avantages pour quelques euros. Pour prévenir ou vaincre la tentation, il faudrait que les applications de contrôle parental proposent les fonctions suivantes : la possibilité de contrôler les applications, le blocage de certains sites et un bloqueur de publicités.
Comme nous l’avons déjà noté plus haut, seuls Family Link de Google et les applications de Kaspersky Lab et Symantec disposent d’un contrôle d’applications relativement efficace sous Android. Sous iOS, seul Kaspersky Lab en est capable ainsi qu’iOS lui-même à petite échelle. Amazon n’offre aucun blocage d’application réglable de manière variable. Et seules les applications de Kaspersky Lab et Symantec sont fiables lorsqu’il s’agit de contrôler l’accès et le filtrage de jeux dans la catégorie divertissements ou sites de shopping. Malheureusement, aucune des applications de contrôle parental testées ne fournit de bloqueur de publicités.
Le cauchemar des parents : lorsque des pédophiles chassent leurs proies sur Internet
La menace « Protection contre le pédopiégeage (grooming) » abordée par les testeurs est malheureusement une réalité : sans cesse, des enfants sont approchés par des étrangers par le biais des canaux numériques et réagissent souvent de manière trop naïve. Le principe du cybergrooming est le suivant : un adulte falsifie un profil et se fait passer pour un enfant. Sous couvert de ce profil, il aborde des enfants, les écoute, se fait passer pour un ami, envoie des cadeaux virtuels et leur soutire des informations. Si cet étranger parvient à obtenir des informations embarrassantes, il essaie souvent de faire du chantage à l’enfant, par exemple pour des photos de nus. Comme système de protection, les testeurs réclament un outil réseaux sociaux, une surveillance lors de la saisie de données personnelles, une fonction de rapport efficace et un outil d’analyse d’images qui donne l’alerte en présence de photos de nus.
Les applications de Kaspersky Lab et Symantec disposent d’un contrôle des réseaux sociaux, au moins pour Facebook, de même que certaines applications également testées en comparaison. L’application de Symantec est la seule à surveiller la saisie de données personnelles sous Android et iOS. On ne trouve un système de rapport efficace consignant toutes les transgressions ainsi que les sites visités et bloqués que dans les applications payantes de Kaspersky Lab et Symantec.
Une analyse d’images capable de bloquer des photos de nus par exemple est déjà possible techniquement. Cependant, elle ne se trouve dans aucune des applications mises sur le banc d’essai.
L’identité – un objet convoité par les voleurs sur Internet
Les délits sur Internet portent souvent sur le vol d’identité. De cette manière, les attaquants ont moins de traces à effacer. S’ils se font prendre, c’est une autre personne qui se trouve dans la ligne de mire. C’est pourquoi la protection de sa propre sphère privée et de sa propre identité est un point important. La plupart du temps, les criminels lancent leurs attaques avec des outils classiques : e-mails infectés, bannières de publicité contenant des programmes malveillants, e-mails qui conduisent sur des sites falsifiés et qui ont des champs de saisie pour des données d’accès personnelles.
Seul Symantec fournit un outil de protection de la sphère privée adapté dans les deux versions de ses applications, ainsi qu’iOS lui-même. Si un téléphone portable est volé, les deux applications de Kaspersky Lab ainsi que les systèmes d’iOS et Google peuvent le localiser. Visiblement, Symantec mise ici sur la fonction de localisation d’iOS et Android. Pour qu’une application de contrôle parental puisse également agir contre les e-mails infectés ou d’autres programmes malveillants, les testeurs espèrent trouver également un outil de sécurité pour s’en protéger. Kaspersky Lab est le seul fabricant à en proposer un dans son application Android et iOS. Malheureusement, on ne trouve un bloqueur qui referme aussitôt la bannière publicitaire dans aucune des applications de contrôle parental et dans aucune des fonctions des systèmes.
Conclusion : en matière de contrôle parental, les parents doivent fixer des priorités
Selon l’âge de l’enfant, les fonctions de contrôle parental des systèmes avec Android, iOS et Amazon n’offrent qu’une aide très limitée. iOS d’Apple avec ses fonctions de contrôle parental interne est légèrement plus performant qu’Android avec son application Family Link. Il vaut mieux que les parents ne se fient pas aux fonctions de contrôle parental du Parental Controls de Kindle Fire.
Les applications certifiées de Kaspersky Lab et Symantec proposent chacune un ensemble de fonctions de protection. Elles sont très nombreuses sous Android, moins nombreuses sous iOS, car le système n’autorise pas d’interventions plus poussées – même si celles-ci offraient une protection.
À l’aide du tableau sur les dangers possibles et les capacités de défense des applications, les parents peuvent fixer leurs propres priorités et trouver une application de contrôle parental adaptée.