Logiciels de contrôle parental pour Windows sur le banc d’essai
Internet présente certes de nombreux terrains de jeu adaptés aux enfants, mais indubitablement encore plus de sites qui sont inadaptés. Mais comment les parents peuvent-ils guider le parcours de leurs enfants en ligne sans rester sans cesse à côté pour les surveiller ? Un logiciel de contrôle parental peut constituer une solution. Les experts d’AV-TEST ont vérifié si les suites logicielles fonctionnaient de façon fiable et ont certifié deux produits.
Les parents se trouvent toujours sur la corde raide quand il s’agit de décider dans quelle mesure ils veulent contrôler l’accès à Internet de leurs enfants. Si on leur interdit de se connecter, lnternet devient alors un fruit défendu très attirant. Mais leur laisser carte blanche serait aussi irresponsable. Les logiciels de contrôle parental semblent donc le premier choix pour répondre à cette situation. Mais en sont-ils capables ? Ces suites logicielles spécifiques peuvent-elles filtrer les contenus en ligne de façon à ce que les pages intéressantes adaptées soient accessibles mais que les sites inadaptés ne soient pas visibles ?
Dans ce test, AV-TEST a comparé deux fois trois programmes afin de pouvoir mieux évaluer les performances. Les 3 suites de protection Internet n’ont pas fait partie du test de certification.
- Les produits Kaspersky Safe Kids et Norton Family sont deux logiciels spécialisés en contrôle parental
- Microsoft Family Safety correspond aux fonctions de contrôle parental de Windows 10
- Les suites de protection Internet de F-Secure, Quick Heal et Trend Micro présentent respectivement des fonctions de contrôle parental.
Près de 10 000 sites Internet consultés
Seule la section de test Reconnaissance et filtrage de liens et de sites Internet a permis de vérifier et de comparer l’intégralité des produits cités. Dans les autres catégories que sont les Fonctions supplémentaires et les Fonctions de journalisation et de rapport d’activités, seuls les deux programmes de contrôle parental et le module interne de Windows 10, à savoir Microsoft Family Safety, ont été examinés. En effet, les fonctions spéciales nécessaires au test n’ont été évaluées que pour ces trois programmes.
Afin d’obtenir une meilleure comparaison, toutes les suites ont été réglées pour un enfant de 7 ans ou bien les testeurs ont choisi les préréglages proposés à cet effet. Les programmes ont alors dû filtrer plus de 6 700 sites appartenant à 8 catégories inadaptées aux enfants. Lors du contre-essai, les suites devaient ensuite identifier correctement plus de 3 000 sites Internet adaptés aux enfants. En théorie, le cas idéal serait que les 6 700 sites soient bloqués et que les 3 000 sites soient affichés. Mais cette performance n’a bien sûr été réalisée par aucun des programmes en raison des erreurs d’identification régulièrement réalisées lors de l’analyse des sites des deux groupes.
Les produits filtrent une grande partie des sites en se basant sur une liste noire : il s’agit simplement d’une liste de blocage incluant de nombreuses adresses Internet connues de pages Web avec des contenus réservés aux adultes. Ces programmes doivent filtrer le reste des sites Internet en utilisant seulement leurs propres techniques, analyses logiques, analyses de phrases et de mots.
Les catégories facilitent le triage
Les 6 700 sites à analyser sont répartis dans les catégories suivantes :
- Sexe, nudité, pornographie
- Chats et forums (tous)
- Relations et rencontres
- Échange de données illégal et partage de fichiers
- Jeux de hasard
- Jeux de divertissement (tous)
- Sites de shopping et ventes aux enchères
- Armes et munitions
Les deux suites logicielles de contrôle parental des fabricants Kaspersky et Symantec réussissent à obtenir des taux élevés concernant le filtrage des sites inadaptés mais Kaspersky l’emporte ici grâce à des taux dépassant presque toujours 90 %. Lors du contre-essai portant sur les sites adaptés, c’est au tour de Symantec de se démarquer avec un taux de 97 % tandis que Kaspersky n’atteint que 91 %. Le module de Windows 10 n’obtient un résultat fiable que dans la catégorie Sexe, nudité et pornographie dont il filtre 97 % des sites. Windows ne connaît pas le reste des catégories et ouvre donc la porte à près de 4 500 pages Web. À l’inverse, ce module réussit très bien le contre-essai avec les sites adaptés aux enfants. Mais cela est sans doute lié au fait qu’un grand nombre de catégories ne sont ici pas contrôlées.
Quelle est la performance de filtrage des logiciels antivirus ?
À titre comparatif, comment s’en sortent les suites de sécurité Internet avec de simples fonctions de contrôle parental ? Le tableau montre en particulier que Quick Heal n’a rien à envier aux produits spécialisés grâce à ses taux de filtrage un peu en dessous ou au-dessus de 90 % dans presque toutes les catégories. Trend Micro et F-Secure présentent respectivement quelques aberrances négatives. Le contre-essai reflète cependant le triage sévère de Quick Heal. En effet, il n’affiche que 64 % des sites adaptés aux enfants. Trend Micro et F-Secure obtiennent ici en revanche des valeurs dépassant 95 %.
Les vrais logiciels de contrôle parental présentent plus de fonctions
Les suites de sécurité Internet testées font majoritairement un très bon travail. Elles ne possèdent cependant tout simplement pas d’autres fonctions spécifiques pour la protection des enfants. Ces dernières ne sont proposées que dans les applications de contrôle parental spécialisées de Symantec, Kaspersky et en partie dans le module de Microsoft.
Or, ce sont justement les autres catégories testées « Fonctions supplémentaires » et « Fonctions de journalisation et de rapport d’activités » qui offrent aux parents ce dont ils ont besoin. À commencer par la protection du moteur de recherche. Elle permet de définir quel moteur de recherche est accessible. Cette fonction est offerte par les 3 produits. Ces derniers permettent également de définir des heures d’accès à Internet, mais pas la durée d’utilisation globale de l’ordinateur. Il est vain de chercher à bloquer des programmes précis avec Symantec.
Microsoft ne connaît pas Facebook
La protection pour Facebook semble être trop moderne pour Microsoft. Symantec et Kaspersky consignent quant à eux toute l’activité sur Facebook et l’intègrent automatiquement dans les rapports qu’ils établissent. Pour une intervention directe, il existe aussi une commande et un accès à distance, c’est-à-dire depuis un autre ordinateur. Tous les programmes proposent cette fonction. Seule l’exécution diffère en fonction du produit.
Si les enfants sont déjà presque des adolescents, alors ils s’y connaissent souvent déjà mieux en informatique que leurs parents. Mais il n’est pas si simple que cela de désactiver les applications de protection. Aucun de ces programmes ne peut être terminé par le biais du gestionnaire de tâches ou bien désinstallé. Il n’y a qu’en passant par le mode sans échec que la situation devient critique. Les produits de Kaspersky et Symantec peuvent alors être arrêtés. Cela est plus compliqué pour le module de Microsoft pour lequel il faut utiliser un compte administrateur.
Conservation des preuves
Grâce aux fonctions de journalisation et de rapport d’activités, les programmes collectent un grand nombre de données pour les parents : quels sites Internet ont été consultés, quels sites l’enfant voulait consulter et l’historique complet des recherches. Toutes les suites testées précisent ces informations dans leurs rapports. Symantec et Kaspersky consignent également ce qui a été publié sur Facebook et la date associée. Kaspersky enregistre même quand et quels programmes bloqués ont tout de même été lancés.
Pour contrôler les durées, Kaspersky et Symantec consignent le temps d’utilisation total de l’ordinateur et établissent ensuite encore un aperçu clair de toutes les infractions.
Une suite de protection ou un spécialiste ?
En ne s’intéressant qu’au filtrage des sites Internet, alors les suites spécifiques de contrôle parental ainsi que les suites de sécurité Internet font toutes un assez bon travail. Les produits spéciaux peuvent cependant être encore mieux ajustés à un enfant. Ils possèdent tout simplement plus de fonctions. Les moyens embarqués de Microsoft sont une bonne idée mais ils n'interviennent pas suffisamment lors de la navigation. Les jeunes enfants ne tombent ainsi quasiment pas sur des sites à contenus sexuels, mais il est ici trop facile d’accéder à des jeux de guerre ou à des sites Internet illégaux. Les programmes spécialisés ou les suites de sécurité offrent une bien meilleure protection.
En ce qui concerne les fonctions supplémentaires de commande et de rapports d’activités, les logiciels de contrôle parental sont beaucoup plus complets que les suites antivirus normales. En cas de besoin, il est toujours possible de commander l’ordinateur tandis que les protocoles et analyses permettent aux parents de remplir leur rôle. Voilà pourquoi AV-TEST a certifié les deux produits complets Kaspersky Safe Kids et Symantec Norton Family (voir encadré plus bas).
Il est plus difficile de surveiller les enfants plus âgés car ils n’utilisent pas que l’ordinateur mais aussi des appareils mobiles tels que des tablettes ou des smartphones. Ici aussi, les spécialistes de Kaspersky et Symantec ont réfléchi à une solution et proposent une protection complète pour Android et iOS. Les produits sur les différentes plateformes fonctionnent alors de manière coordonnée.
Voici comment les logiciels de contrôle parental sont certifiés
Pour obtenir un certificat, les logiciels de contrôle parental doivent avoir de multiples fonctions.
Lors du test actuel, les produits Kaspersky Safe Kids et Symantec Norton Family ont été certifiés par AV-TEST. Les suites logicielles ont dû surmonter quelques obstacles et prouver leur fiabilité afin d’obtenir le certificat. La priorité est naturellement de bien reconnaitre et filtrer les sites Internet. Les deux programmes dépassent ici clairement les 80 % requis quant au blocage des sites Internet inadaptés. En ce qui concerne les pages adaptées, le taux de blocage ne doit pas dépasser 10 % et les deux programmes satisfont aussi à cette exigence.
Afin que la protection soit efficace, certaines fonctions ne doivent bien sûr pas manquer à l’appel. Elles sont nécessaires pour la certification : les logiciels doivent inclure différents profils pour des tranches d’âge différentes. Les programmes doivent assister les parents lors de l’installation. Ils doivent naturellement aussi présenter une protection de moteur de recherche et donc être compatibles avec les navigateurs standards.
Une autre fonction requise est la régulation de la durée d’utilisation de l’ordinateur ou de l’accès à Internet. Très important : un logiciel de contrôle parental actif ne doit pas pouvoir être simplement désactivé par le biais du gestionnaire de tâches. Il faut également qu’il compte une protection active contre la désinstallation.
Les rapports établis avec un aperçu global revêtent aussi un rôle important. C’est le seul moyen pour les parents de voir ce que leurs enfants ont fait sur l’ordinateur. Les listes d’erreur permettent de préciser encore le fonctionnement du programme.
Les produits Kaspersky Safe Kids et Symantec Norton Family remplissent tous ces critères et méritent donc le certificat « APPROVED Parental Control Windows 07/2016 » d’AV-TEST.